Robert Lindet, avocat de la vieille école monarchiste, proposa là-dessus un tribunal composé de juges nommés par la Convention et chargés de juger ceux que la Convention enverrait devant eux. Il ne voulait point de jurés, et ce n’est qu’après de longs débats qu’il fut décidé de renforcer les cinq juges nommés par la Convention, par douze jurés et six assistants pris dans Paris et les départements voisins, et aussi nommés tous les mois par la Convention.
Ainsi, au lieu de mesures visant à réduire l’agiotage et à mettre les denrées à la portée du peuple, et au lieu d’une épuration de la Convention qui en aurait éliminé les membres toujours opposés aux mesures révolutionnaires, au lieu de prendre les mesures militaires, rendues nécessaires par la trahison presque confirmée de Dumouriez, — l’insurrection du 10 mars n’obtenait rien qu’un tribunal révolutionnaire. À l’esprit créateur, constructif et de Révolution populaire qui cherchait ses voies, on opposait l’esprit policier qui bientôt allait étouffer l’autre. Là-dessus, la Convention allait se séparer, lorsque Danton s’élança à la tribune, et arrêta les représentants au moment où ils quittaient déjà la salle, pour leur rapporter que l’ennemi était aux frontières et qu’il n’y avait encore rien de fait.
Le même jour, en Vendée, les paysans, poussés par les prêtres, commençaient l’insurrection générale et le massacre des républicains. Le soulèvement avait été préparé de longue date, surtout par les curés, à l’instigation de Rome. Il y en avait déjà eu un commencement en août 1792, lorsque les Prussiens étaient entrés en France.