Autrichiens et l’armée de Dumouriez, prête à suivre son général et à marcher sur Paris, contre le peuple.
Aussi les « chefs d’opinion » de la Montagne et de la Commune s’efforcèrent d’apaiser d’abord la panique, en faisant croire qu’ils considéraient Dumouriez comme un républicain auquel on pouvait se fier. Robespierre, Danton et Marat, constituant une espèce de triumvirat d’opinion, et soutenus par la Commune, parlèrent dans ce sens. Tous travaillèrent en même temps à remonter les courages, à enflammer les cœurs, pour être en état de repousser l’invasion qui s’annonçait maintenant bien plus sérieuse qu’elle ne le fut en 1792. Tous, sauf la Gironde qui ne voyait qu’une chose : « les anarchistes », qu’il fallait écraser, exterminer !
Le 10 mars, au matin, on s’attendait à Paris à des massacres : on craignait un renouvellement des journées de septembre. Mais le courroux populaire fut détourné contre les journalistes, amis de Dumouriez, et une bande se porta aux principales imprimeries girondines, chez Gorzas et chez Fiévé, et brisa les presses.
Au fond, ce que voulait le peuple, inspiré par Varlet, Jacques Roux, Fournier l’Américain et d’autres « Enragés », c’était l’épuration de la Convention. Mais, à cette réclamation, on avait substitué dans les sections la demande banale d’un tribunal révolutionnaire. Pache et Chaumette vinrent l’exiger, le 9, à la Convention, et alors Cambacérès, le futur « archi-conseiller » de l’Empire, proposa que la Convention, abandonnant les idées courantes sur la division des pouvoirs — législatif et judiciaire — s’emparât de ce dernier et instituât un tribunal spécial pour juger les traîtres.