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ticuliers et leurs émissaires décorés du titre de commissaires de la Convention, prêchent partout cette violation des droits de l’homme. »

Puis Brissot mentionne « les éternelles déclamations des anarchistes contre les propriétaires ou marchands, qu’ils désignent sous le nom d’accapareurs ; » il parle de « propriétaires qui sont sans cesse désignés au fer des brigands », de la haine que les anarchistes ont pour chaque fonctionnaire de l’État : « Du moment, dit-il, où un homme est en place, il devient odieux à l’anarchiste, il paraît coupable. » Et pour cause, dirons-nous.

Mais ce qui est superbe, c’est de voir Brissot énumérant les bienfaits de « l’ordre ». Il faut lire ce passage pour comprendre ce que la bourgeoisie girondine aurait donné au peuple français, si les « anarchistes » n’avaient pas poussé la Révolution plus loin.

« Considérez, dit Brissot, les départements qui ont su enchaîner la fureur de ces hommes ; considérez, par exemple, le département de la Gironde. L’ordre y a constamment régné ; le peuple s’y est soumis à la loi, quoiqu’il payât le pain jusqu’à dix sols la livre… C’est que dans ce département on a banni les prédicateurs de la loi agraire ; c’est que les citoyens ont muré ce club où l’on enseigne… etc. » (le club des Jacobins).

Et ceci s’écrivait deux mois après le 10 août, alors que le plus aveugle ne pouvait manquer de comprendre que si dans toute la France le peuple se fût « soumis à la loi, quoiqu’il payât le pain jusqu’à 10 sols la livre », il n’y aurait pas eu du tout de Révolution, et la royauté, que Brissot se donne l’air de combattre, ainsi que la féo-