tain nombre appartient au Club des Cordeliers ; quelques-uns vont au Club des Jacobins. Mais leur vrai terrain, c’est la section, et surtout la rue. À la Convention, on les voit dans les tribunes, d’où ils dirigent les débats. Leur moyen d’action, c’est l’opinion du peuple, — non pas « l’opinion publique » de la bourgeoisie. Leur vraie arme, c’est l’insurrection. Par cette arme ils exercent une influence sur les députés et le pouvoir exécutif.
Et quand il faut donner un coup de collier, enflammer le peuple et marcher avec lui contre les Tuileries, — c’est eux qui préparent l’attaque et combattent dans les rangs.
Le jour où l’élan révolutionnaire du peuple se sera épuisé, — ils rentreront dans l’obscurité. Et il n’y aura que les pamphlets, remplis de fiel, de leurs adversaires pour nous permettre de reconnaître l’immense œuvre révolutionnaire qu’ils ont accomplie.
Quant à leurs idées, elles sont nettes, tranchées.
La République ? — Certainement ! — L’égalité devant la loi ? — D’accord ! Mais ce n’est pas tout. Loin de là.
Se servir de la liberté politique pour obtenir la liberté économique, ainsi que le recommandent les bourgeois ? — Ils savent que ça ne se peut pas.
Aussi veulent-ils la chose elle-même. La terre pour tous, — c’est ce qu’on appelait alors « la loi agraire ». L’égalité économique, ou, pour parler le langage du temps, — « le nivellement des fortunes ».
Mais écoutons Brissot.
« Ce sont eux », dit-il, « qui… ont divisé la société en deux classes, celle qui a, et celle qui n’a pas — celle des sans-culottes et celle des propriétaires, qui ont excité l’une contre l’autre ».