à fermer une sorte d’armoire secrète. Le travail terminé, Gamain repartit pendant la nuit pour Versailles, après avoir bu un verre de vin et mangé un biscuit que lui avait offerts la reine. Il tomba en route, saisi de coliques violentes, et depuis lors il fut malade. Se croyant empoisonné — ou bien travaillé, peut-être, par la peur — il dénonça l’existence de l’armoire à Roland. Celui-ci, sans avertir personne, s’empara immédiatement des papiers qu’elle contenait, les porta chez lui, les examina avec sa femme et, après avoir revêtu les pièces de son seing, les apporta à la Convention.
On comprend la profonde sensation que produisit cette découverte, surtout lorsqu’on apprit par ces papiers que le roi avait acheté les services de Mirabeau, que ses agents lui avaient proposé d’acheter onze membres influents de la Législative (on savait déjà que Barnave et Lameth avaient été gagnés à sa cause), et que Louis XVI continuait à payer ceux de ses gardes licenciés qui s’étaient mis au service de ses frères à Coblentz et qui marchaient maintenant avec les Autrichiens contre la France.
Aujourd’hui seulement, lorsqu’on a en mains tant de documents qui constatent la trahison de Louis XVI, et que l’on voit les forces qui s’opposèrent néanmoins à sa condamnation, on comprend combien il fut difficile à la Révolution de condamner et d’exécuter un roi. Tout ce qu’il y avait de préjugés, de servilité ouverte et latente dans la société, de peur pour les fortunes des riches et de méfiance envers le peuple — tout se réunit pour entraver le procès. La Gironde, fidèle reflet de ces craintes, fit tout pour empêcher — d’abord, que