pas de l’appel au peuple que vous voulez la guerre », leur disait Marat, et il avait raison.
Quant au peuple, les paysans des départements frontières, en voyant les armées allemandes, amenées par les émigrés, se masser sur le Rhin et dans les Pays-Bas, comprenaient qu’il s’agissait pour eux de défendre à main armée leurs droits sur les terres qu’ils avaient reprises aux nobles et au clergé. Aussi lorsque la guerre fut déclarée à l’Autriche, le 20 avril 1792, un enthousiasme formidable s’empara des populations des départements voisins de la frontière de l’Est. Les levées de volontaires, pour un an, furent faites d’emblée au chant du Ça ira ! et les dons patriotiques affluaient de toute part. Mais ce n’était plus le cas dans les régions de l’Ouest et du Sud-Ouest. Là, les populations ne voulaient nullement la guerre.
D’ailleurs rien n’était préparé pour la guerre. Les forces de la France, qui ne comptaient pas plus de 130,000 hommes, échelonnés depuis la mer du Nord jusqu’à la Suisse, mal équipés et commandés par des officiers et des états-majors royalistes, étaient hors d’état de résister à l’invasion.
Dumouriez et Lafayette conçurent d’abord le plan hardi d’envahir rapidement la Belgique, qui avait déjà essayé en 1790 de se détacher de l’Autriche, mais avait été réduite par les armes. Les libéraux belges appelaient les Français. Mais le coup fut manqué, et désormais les généraux français se tinrent sur la défensive, d’autant plus que la Prusse s’était réunie à l’Autriche et aux princes d’Allemagne, pour envahir la France, et que cette coalition était fortement soutenue par la Cour de