émeutiers qui crièrent en mourant qu’ils mouraient pour le peuple ; mais dès lors commence déjà à se répandre la légende des « brigands » parcourant la France, — légende qui eut un si profond effet en 1789, lorsqu’elle servit à la bourgeoisie des villes de prétexte pour s’armer. Dès lors on colle déjà à Versailles des placards qui insultent le roi et ses ministres, et promettent d’exécuter le roi le lendemain de son couronnement, ou bien d’exterminer toute la famille royale si le pain reste au même prix. En même temps on fait aussi circuler en province de faux édits du gouvernement. L’un d’eux prétend que le Conseil a taxé le blé à douze livres le setier.
Ces émeutes furent sans doute réprimées, mais elles eurent des conséquences très profondes. Ce fut un déchaînement de luttes entre divers partis : les brochures pleuvaient, les unes accusant les ministres, les autres parlant d’un complot des princes contre le roi, les troisièmes dénigrant l’autorité royale. Bref, avec l’état déjà excité des esprits, l’émeute populaire fut l’étincelle qui mettait le feu aux poudres. On parla aussi de concessions au peuple, auxquelles on n’avait jamais pensé jusqu’alors : on ouvrit des travaux publics ; on abolit les taxes sur la mouture, — ce qui permit au peuple, dans les environs de Rouen, de dire que tous les droits seigneuriaux avaient été abolis, et de se soulever (en juillet) pour ne plus les payer. Il est évident, en un mot, que les mécontents ne perdaient pas leur temps et profitaient de l’occasion pour étendre les soulèvements populaires.
Les sources manquent pour raconter toute la succession des émeutes populaires durant le règne de Louis XVI : les historiens s’en occupent peu ; les archives n’ont pas