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La République serait, à son avis, « la volonté arbitraire du petit nombre » (lisez, des Girondins) : « Voilà, dit-il, le but de toutes ces intrigues qui nous agitent depuis longtemps » ; et, pour les déjouer, il préfère retenir le roi et toutes les intrigues de la Cour ! C’est ainsi qu’il parlait en juin, deux mois à peine avant le 10 août ! De peur qu’un autre parti ne s’empare du mouvement, il préfère garder le roi : il s’oppose à l’insurrection.

Il fallut l’échec de la démonstration du 20 juin et la réaction qui la suivit ; il fallut le coup de tête de Lafayette arrivant à Paris et s’offrant, avec son armée, pour un coup d’État royaliste ; il fallut que les Allemands se décidassent à marcher sur Paris « pour délivrer le roi et punir les Jacobins » ; il fallut que la Cour activât ses préparatifs militaires pour livrer bataille à Paris. Il fallut tout cela pour décider les « chefs d’opinion » révolutionnaires à faire appel au peuple, afin de tenter un coup final sur les Tuileries.

Mais une fois ceci décidé, le reste fut fait par le peuple lui-même.

Il est certain qu’il y eut une entente préalable entre Danton, Robespierre, Marat, Robert et d’autres. Robespierre haïssait tout dans Marat, sa fougue révolutionnaire, qu’il appelait exagération, sa haine des riches, sa méfiance absolue des politiciens, — tout, jusqu’au costume pauvre et sale de l’homme qui, dès le début de la Révolution, s’était mis à la nourriture du peuple, — le pain et l’eau, — pour se vouer entièrement à la cause populaire. Et cependant l’élégant et correct Robespierre, ainsi que Danton, vinrent vers Marat et les siens, vers les hommes d’action des sections, de la Commune, pour