Cette peur du soulèvement populaire et de ses conséquences économiques poussait aussi la bourgeoisie à se rallier de plus en plus autour de la royauté et à accepter telle quelle la constitution sortie des mains de l’Assemblée constituante, avec tous ses défauts et ses complaisances pour le roi. Au lieu de progresser dans la voie des idées républicaines, la bourgeoisie et les « intellectuels » évoluaient dans un sens contraire. Si en 1789, dans tous les actes du tiers état, on voit percer un esprit décidément républicain, démocratique, maintenant, à mesure que le peuple manifestait ses tendances communistes et égalitaires, ces mêmes hommes devenaient défenseurs de la royauté, tandis que les francs républicains, comme Thomas Paine et Condorcet, représentaient une infime minorité parmi les gens instruits de la bourgeoisie. À mesure que le peuple devenait républicain, les « intellectuels » rétrogradaient vers la royauté constitutionnelle.
Le 13 juin 1792, huit jours à peine avant l’invasion des Tuileries par le peuple, Robespierre tonnait encore contre la République. « C’est en vain, s’écriait-il à cette date, que l’on veut séduire les esprits ardents et peu éclairés par l’appât d’un gouvernement plus libre et par le nom d’une république : le renversement de la Constitution dans ce moment ne peut qu’allumer la guerre civile, qui conduira à l’anarchie et au despotisme. »
Craignait-il l’établissement d’une république aristocratique, comme Louis Blanc le fait supposer ? C’est possible ; mais il nous semble plus probable que, resté jusque-là défenseur décidé de la propriété, il craignait