blées primaires ou électorales, continuant à se réunir. Ce n’étaient pas non plus les nombreuses sociétés jacobines, ralliées à la Société mère de Paris. C’étaient surtout les Sections, les Sociétés populaires et les Sociétés fraternelles, qui surgirent spontanément et souvent sans formalité aucune. C’étaient des milliers de comités et de pouvoirs locaux, presque indépendants, qui se substituaient au pouvoir royal qui aidaient à répandre dans le peuple l’idée de la révolution égalitaire, sociale.
Eh bien ! c’est à écraser, à paralyser, ou tout au moins à démoraliser ces mille centres locaux que la bourgeoisie s’appliqua avec ardeur ; et elle y réussit si bien que la réaction monarchiste, cléricale et nobiliaire, commença à prendre le dessus dans les villes et les bourgades de bien plus de la moitié de la France.
Bientôt, on allait recourir aux poursuites judiciaires et, en janvier 1790, Necker obtenait un décret d’arrestation contre Marat, qui avait franchement épousé la cause du peuple, des va-nu-pieds. Craignant une émeute populaire, on mit sur pied de l’infanterie et de la cavalerie pour incarcérer le tribun ; on brisa ses presses, et Marat fut obligé, en pleine Révolution, de se réfugier en Angleterre. Rentré quatre mois plus tard, il dut presque tout le temps se cacher, et en décembre 1791, il fut forcé encore une fois de traverser le canal.
Bref, la bourgeoisie et les intellectuels, défenseurs des propriétés, firent si bien pour briser l’élan populaire qu’ils arrêtèrent la Révolution elle-même. À mesure que l’autorité de la bourgeoisie se constituait, on voyait l’autorité du roi refaire sa virginité.
« La véritable Révolution, ennemie de la licence, se