appartenant à la bourgeoisie que, d’une part, ils prirent toutes les mesures pour que le peuple, les pauvres, qui seuls se lançaient de cœur dans la révolution, n’eussent pas une trop grande part dans la gestion des affaires communales, et, d’autre part, ils s’opposèrent de toutes leurs forces à ce que la révolution éclatât et s’accomplit dans chaque ville et village.
Pour qu’une œuvre vitale sortît des décrets de l’Assemblée, il fallait le désordre. Il fallait que dans chaque petite localité des hommes d’action, des patriotes, haïssant l’ancien régime, vinssent s’emparer de la municipalité ; qu’ils fissent une révolution dans le hameau ; que tout l’ordre de la vie fût bouleversé ; que toutes les autorités fussent ignorées ; il fallait que la révolution fût sociale si l’on voulait que la révolution politique pût s’accomplir.
Il fallait que le paysan prît la terre et y fît passer la charrue, sans attendre l’ordre de l’autorité, lequel évidemment ne serait jamais venu. Il fallait, en un mot, qu’une vie nouvelle commençât dans le hameau. Mais sans désordre, sans beaucoup de désordre social, cela ne pouvait se faire.
Or, ce désordre, les législateurs voulurent précisément l’empêcher !…
Non seulement ils avaient éliminé le peuple de l’administration, au moyen de la loi municipale de décembre 1789, qui remettait le pouvoir administratif aux mains des citoyens actifs, et sous le nom de citoyens passifs en excluait tous les paysans pauvres et presque tous les travailleurs des villes ; non seulement elle remettait ainsi tout le pouvoir en province à la bourgeoisie —