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nombre de lois, dont on admire jusqu’à présent la lucidité et le style — et cependant l’immense majorité de ces lois restaient lettre morte. Sait-on que plus des deux tiers des lois fondamentales faites entre 1789 et 1793 n’ont jamais reçu un simple commencement d’exécution ?

C’est qu’il ne suffit pas de faire une nouvelle loi. Il faut encore, presque toujours, créer le mécanisme pour l’appliquer. Et pour peu que la nouvelle loi frappe un privilège invétéré, il faut mettre en jeu toute une organisation révolutionnaire afin que cette loi soit appliquée dans la vie avec toutes ses conséquences. Voyez seulement le peu de résultats que produisirent toutes les lois de la Convention sur l’instruction gratuite et obligatoire : elles sont restées lettre morte !

Aujourd’hui même, malgré la concentration bureaucratique et les armées de fonctionnaires qui convergent vers leur centre à Paris, nous voyons que chaque nouvelle loi, si minuscule que soit sa portée, demande des années pour passer dans la vie. Et encore, — combien de fois ne se trouve-t-elle pas complètement mutilée dans ses applications ! Mais à l’époque de la grande Révolution, ce mécanisme de la bureaucratie n’existait pas ; il prit plus de cinquante ans pour atteindre son développement actuel.

Mais alors, comment les lois de l’Assemblée pouvaient-elles entrer dans la vie, sans que la Révolution de fait fût accomplie dans chaque ville, dans chaque hameau, dans chacune des trente-six mille communes de la France !

Eh bien ! tel fut l’aveuglement des révolutionnaires