si bien soutenus et si puissants, qu’ils se mirent à rechercher les moyens d’écraser la Révolution et de rétablir la Cour et la noblesse dans leurs droits, perdus pour le moment.
Tous les historiens parlent sans doute de cette réaction ; mais ils n’en montrent pas encore toute la profondeur, ni toute l’extension. Au fait, on peut dire que pendant deux années, depuis l’été de 1790 jusqu’à l’été de 1792, toute l’œuvre de la Révolution fut mise en suspens. On en était à se demander : est-ce la Révolution qui va l’emporter, ou la contre-révolution ? Le fléau de la balance oscillait entre les deux. Et c’est en complet désespoir de cause que les « chefs d’opinion » de la Révolution se décidèrent enfin, en juin 1792, à faire une fois de plus appel à l’insurrection populaire.
Il faut reconnaître que si l’Assemblée Constituante, et après elle la Législative, s’opposaient à l’abolition révolutionnaire des droits féodaux et à la révolution populaire en général, elles surent accomplir cependant une œuvre immense pour la destruction des pouvoirs de l’ancien régime — du roi et de la Cour — ainsi que pour la création du pouvoir politique de la bourgeoisie, devenant maîtresse de l’État. Et lorsqu’ils voulurent exprimer sous forme de lois la nouvelle constitution du tiers état, les législateurs de ces deux Assemblées procédèrent, il faut le reconnaître, avec énergie et sagacité.
Ils surent saper le pouvoir des nobles et trouver l’expression des droits du citoyen dans une Constitution bourgeoise. Ils élaborèrent une constitution départementale et communale, capable d’opposer une digue à la centralisation gouvernementale, et ils s’appliquèrent,