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légalisait le refus de paiement de ces droits ; elle qui reprenait aux seigneurs les terres autrefois communales, résistait aux nobles, luttait contre les prêtres, protégeait les patriotes, et plus tard les sans-culottes ; elle qui arrêtait les émigrés rentrés – ou bien le roi évadé.

Dans les villes, c’était la Commune municipale qui reconstruisait tout l’aspect de la vie, s’arrogeait le droit de nommer les juges, changeait de sa propre initiative l’assiette des impôts, et plus tard, à mesure que la Révolution suivait son développement, devenait l’arme des sans-culottes pour lutter contre la royauté, les conspirateurs royalistes et l’invasion allemande. Encore plus tard, en l’an II, c’étaient les Communes qui se mettaient à accomplir le nivellement des fortunes.

Enfin, à Paris, on le sait, ce fut la Commune qui renversa le roi, et après le 10 août fut le vrai foyer et la vraie force de la Révolution ; celle-ci ne conserva sa vigueur qu’autant que vécut la Commune.

L’âme de la Grande Révolution, ce furent ainsi les Communes, et sans ces foyers répandus sur tout le territoire, jamais la Révolution n’aurait eu la force de renverser l’ancien régime, de repousser l’invasion allemande, de régénérer la France.

Il serait erroné, cependant, de se représenter les Communes d’alors comme des corps municipaux modernes, auxquels les citoyens, après s’être passionnés quelques jours pendant les élections, confient naïvement la gestion de toutes leurs affaires, sans plus s’en occuper. La folle confiance au gouvernement représentatif, qui caractérise notre époque, n’existait pas pendant la Grande Révolution. La commune, issue des mouvements