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réalité à un simple vœu. Le clergé acceptait le rachat ; il permettait aux paysans de racheter les dîmes, s’ils le voulaient, et d’en débattre les prix avec les possesseurs de ces dîmes. Mais lorsque, le 6 août, on voulut rédiger l’arrêté concernant les dîmes, on se heurta à une difficulté.

Il y avait des dîmes que le clergé avait vendues dans le cours des siècles à des particuliers, et ces dîmes s’appelaient laïques ou inféodées. Pour celles-ci, on considérait le rachat comme absolument nécessaire, afin de maintenir le droit de propriété du dernier acheteur. Pis que cela. Les dîmes que les paysans payaient au clergé même furent représentées par certains orateurs à l’Assemblée comme un impôt que la nation payait pour maintenir son clergé ; et peu à peu, dans la discussion, l’opinion prévalut qu’il ne pourrait être question du rachat de ces dîmes, si la nation se chargeait de donner un traitement régulier au clergé. Cette discussion dura cinq jours, jusqu’au 11, et alors plusieurs curés, suivis des archevêques, déclarèrent qu’ils faisaient abandon des dîmes à la patrie et s’en remettaient à la justice et à la générosité de la nation.

Il fut donc décidé que les dîmes payées au clergé seraient abolies ; mais, en attendant qu’on trouvât les moyens de subvenir d’une autre manière aux dépenses du culte, les dîmes devraient être payées comme auparavant. Quant aux dîmes inféodées, elles seraient payées jusqu’à ce qu’elles fussent rachetées !…

On peut imaginer quel terrible désappointement ce fut pour les campagnes et quelle cause de troubles. En théorie, on supprimait les dîmes, mais en réalité elles