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cette façon les bourgeois dans un grand nombre de villes. Il avait deux ou trois agents, « hommes décidés mais obscurs », qui évitaient les villes, mais, arrivant dans un village, annonçaient que « les brigands allaient venir ». Il en venait, disaient ces émissaires, cinq cents, mille, trois mille, brûlant aux alentours toutes les récoltes, afin d’affamer le peuple… Alors on sonnait le tocsin. Les paysans s’armaient. Et la rumeur grossissait à mesure que le tocsin se répandait de village en village ; c’était déjà six mille brigands quand la rumeur sinistre arrivait jusqu’à une grande ville. On les avait vus à une lieue de distance, dans telle forêt, — et le peuple, et surtout la bourgeoisie s’armaient et envoyaient leurs patrouilles dans la forêt — pour n’y rien découvrir. Mais on était armé — et gare au roi ! Quand il voudra s’évader en 1791, il trouvera les armées paysannes sur son chemin.

On conçoit la terreur que ces soulèvements semaient partout en France ; on conçoit l’impression qu’ils produisirent à Versailles, et ce fut sous l’empire de cette terreur que l’Assemblée nationale se réunit, le soir du 4 août, pour discuter les mesures à prendre afin d’étouffer la jacquerie.