Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ah, si l’humanité avait seulement la conscience de ce qu’elle peut, et si cette conscience lui donnait seulement la force de vouloir !

Si elle savait que la couardise de l’esprit est l’écueil sur lequel toutes les révolutions ont échoué jusqu’à ce jour !


VI


On entrevoit aisément les horizons nouveaux ouverts à la prochaine révolution sociale.

Chaque fois que nous parlons de la révolution, le travailleur sérieux, qui a vu des enfants manquant de nourriture, fronce les sourcils et nous répète obstinément : — « Et le pain ? — N’en manquera-t-on pas si tout le monde mange à son appétit ? Et si la campagne, ignorante, travaillée par la réaction, affame la ville comme l’ont fait les bandes noires en 1793, — que fera-t-on ? »

       Quantité de travail annuel nécessaire pour améliorer et cultiver les surfaces ci-dessus (en journées de travail de 5 heures):
    Blé (culture et récolte) 15.000.000
    Prairies. lait, élevage du bétail. 10.000.000
    Culture maraîchère, fruits de luxe, etc.   33.000.000
    Imprévu 12.000.000
    ------------------
    ______________Total 70.000.000

    Si on suppose que la moitié seulement des adultes valides (hommes et femmes) veuille s’occuper d’agriculture, on voit qu’il faut répartir 70 millions de journées de travail entre 1,200,000 individus. Ce qui donne par an cinquante-huit journées de travail de 5 heures pour chacun de ces travailleurs.