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champ, au milieu des luttes révolutionnaires, sous peine de succomber devant l’ennemi.

Il faudra le faire comme des êtres intelligents, en s’aidant du savoir, en s’organisant en bandes joyeuses pour un travail agréable comme celles qui remuaient, il y a cent ans, le Champ de Mars, pour la fête de la Fédération : — travail plein de jouissances quand il ne se prolonge pas outre mesure, quand il est scientifiquement organisé, quand l’homme améliore et invente ses outils, et qu’il a conscience d’être un membre utile de la communauté.


On cultivera. Mais on aura aussi à produire mille choses que nous avons coutume de demander à l’étranger. Et, n’oublions pas que, pour les habitants du territoire révolté, l’étranger sera tout ce qui ne l’aura pas suivi dans sa révolution. En 1793, en 1871, pour Paris révolté, l’étranger était déjà la province, aux portes même de la capitale. L’accapareur de Troyes affamait les sans-culottes de Paris, aussi bien, plus encore, que les hordes allemandes, amenées sur le sol français par les conspirateurs de Versailles. Il faudra savoir se passer de cet étranger. Et on s’en passera. La France inventa le sucre de betterave lorsque le sucre de canne vint à manquer, à la suite du blocus continental. Paris trouva le salpêtre dans ses caves lorsque le salpêtre n’arrivait pas d’ailleurs. Serions-nous inférieurs à nos grands-pères qui balbutiaient à peine les premiers mots de la science ?

C’est qu’une révolution est plus que la démolition d’un régime. C’est le réveil de l’intelligence humaine, l’esprit inventif décuplé, centuplé ; c’est l’aurore d’une science nouvelle, — la science des Laplace, des Lamarck, des Lavoisier ! — C’est une révolution