force d’entendre parler de la division du travail, de l’intérêt, de la rente et du crédit, etc., comme de problèmes depuis longtemps résolus, tout le monde (et le travailleur lui-même) finit par raisonner comme les économistes, par vénérer les mêmes fétiches.
Ainsi nous voyons nombre de socialistes, ceux-mêmes qui n’ont pas craint de s’attaquer aux erreurs de la science, respecter le principe de la division du travail. Parlez-leur de l’organisation de la société pendant la Révolution, et ils répondent que la division du travail doit être maintenue ; que si vous faisiez des pointes d’épingles avant la Révolution, vous en ferez encore après la Révolution. Vous travaillerez cinq heures seulement à faire des pointes d’épingles — soit ! Mais vous ne ferez que des pointes d’épingles toute votre vie, tandis que d’autres feront des machines ou des projets de machines permettant d’affiler, votre vie durant, des milliards d’épingles, et que d’autres encore se spécialiseront dans les hautes fonctions du travail littéraire, scientifique, artistique, etc. Vous êtes né faiseur de pointes d’épingles, Pasteur est né vaccinateur de la rage, et la Révolution vous laissera l’un et l’autre à vos emplois respectifs.
Eh bien, c’est ce principe horrible, nuisible à la société et abrutissant pour l’individu, source de toute une série de maux, que nous nous proposons de discuter maintenant dans ses manifestations diverses.
On connaît les conséquences de la division du travail. Nous sommes évidemment divisés en deux classes : d’une part, les producteurs qui consomment fort peu et sont dispensés de penser, parce qu’il faut travailler, et qui travaillent mal parce que leur cerveau reste inactif ; et d’autre part les consommateurs, qui