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réelle. Elle propage les connaissances météorologiques et tient les intéressés au courant des variations soudaines prévues par les savants.

Répétons que les centaines de petits comités ou groupes locaux, ne sont pas organisées hiérarchiquement et se composent uniquement des volontaires-sauveteurs et des gens qui s’intéressent à cette œuvre. Le Comité central, qui est plutôt un centre de correspondances, n’intervient en aucune façon.

Il est vrai que lorsqu’il s’agit, dans le canton, de voter sur une question d’éducation ou d’impôt local, ces comités ne prennent pas, comme tels, part aux délibérations, — modestie que les élus d’un conseil municipal n’imitent malheureusement pas. — Mais d’autre part, ces braves gens n’admettent pas que ceux qui n’ont jamais bravé la tempête leur fassent des lois sur le sauvetage. Au premier signal de détresse, ils accourent, se concertent, et marchent de l’avant. Point de galons, beaucoup de bonne volonté.

Prenons une autre société du même genre, celle de la Croix-Rouge. Peu importe son nom : voyons ce qu’elle est.

Imaginez-vous quelqu’un venant dire il y a vingt-cinq ans : « L’État, si capable qu’il soit de faire massacrer vingt mille hommes en un jour et d’en faire blesser cinquante mille, est incapable de porter secours à ses propres victimes. Il faut donc, — tant que guerre existe, — que l’initiative privée intervienne et que les hommes de bonne volonté s’organisent internationalement pour cette œuvre d’humanité ! »

Quel déluge de moqueries n’aurait-on pas déversé sur celui qui aurait osé tenir ce langage ! On l’aurait d’abord traité d’utopiste, et si l’on avait ensuite daigné ouvrir la bouche, on lui aurait répondu : « Les