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seul côté de la vie des sociétés, se multiplient, se colportent, s’enseignent dans les écoles.

Et nous ne nous apercevons même pas de la besogne prodigieuse qu’accomplit chaque jour le groupement spontané des hommes, et qui constitue l’œuvre capitale de notre siècle.


C’est pourquoi nous nous proposons de relever quelques-unes de ces manifestations les plus frappantes, et de montrer que les hommes, — dès que leurs intérêts ne sont pas absolument contradictoires, — s’entendent à merveille pour l’action en commun sur des questions très complexes.


Il est de toute évidence que dans la société actuelle, basée sur la propriété individuelle, c’est-à-dire sur la spoliation et sur l’individualisme borné, partant stupide, les faits de ce genre sont nécessairement limités ; l’entente n’y est pas toujours parfaitement libre, et fonctionne souvent pour un but mesquin, sinon exécrable.

Mais, ce qui nous importe, ce n’est pas de trouver des exemples à imiter en aveugles, et que du reste la société actuelle ne saurait nous fournir. Ce qu’il nous faut, c’est montrer que, malgré l’individualisme autoritaire qui nous étouffe, il y a toujours dans l’ensemble de notre vie une part très vaste où l’on n’agit que par la libre entente ; et qu’il est beaucoup plus facile qu’on ne pense de se passer de gouvernement.


À l’appui de notre thèse, nous avons déjà cité les chemins de fer et nous allons y revenir encore.

On sait que l’Europe possède un réseau de voies ferrées de 280.000 kilomètres, et que sur ce réseau