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tuel combinés. Il arrive souvent de voir l’auteur d’un article l’imprimer lui-même pour les journaux de combat. L’essai est encore minime, microscopique si l’on veut : mais il montre la voie dans laquelle marchera l’avenir.


C’est la voie de la liberté. À l’avenir, lorsqu’un homme aura à dire quelque chose d’utile, une parole qui dépasse les idées de son siècle, il ne cherchera pas un éditeur qui veuille bien lui avancer le capital nécessaire. Il cherchera des collaborateurs parmi ceux qui connaîtront le métier et auront saisi la portée de l’œuvre nouvelle. Et ensemble ils publieront le livre ou le journal.

La littérature et le journalisme cesseraient alors d’être un moyen de faire fortune et de vivre aux dépens d’autrui. Y a-t-il quelqu’un qui connaisse la littérature et le journalisme et qui n’appelle de ses vœux une époque où la littérature pourra enfin s’affranchir de ceux qui la protégeaient jadis, de ce qui l’exploitent maintenant, et de la foule qui, à part de rares exceptions, la paie en raison directe de sa banalité et de la facilité avec laquelle elle s’accommode au mauvais goût du grand nombre ?

Les lettres et la science ne prendront leur vraie place dans l’œuvre du développement humain que le jour où, libres de tout servage mercenaire, elles seront exclusivement cultivées par ceux qui les aiment et pour ceux qui les aiment.