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milans se retirent pour leur repos de la nuit sur un arbre ou sur des buissons, ils se réunissent toujours par bandes, franchissant quelquefois pour cela une distance de quinze kilomètres ou plus, et ils sont souvent rejoints par plusieurs autres vautours, particulièrement les percnoptères, « leurs fidèles amis », comme le dit d’Orbigny. Dans notre continent, dans les déserts transcaspiens, ils ont, suivant Zaroudnyi, la même habitude de nicher ensemble. Le vautour sociable, un des vautours les plus forts, doit son nom même à son amour pour la société. Ces oiseaux vivent en bandes nombreuses, et se plaisent à être ensemble ; ils aiment se réunir en nombre pour le plaisir de voler ensemble à de grandes hauteurs. « Ils vivent en très bonne amitié, dit Vaillant, et dans la même caverne j’ai quelquefois trouvé jusqu’à trois nids tout près les uns des autres[1]. » Les vautours Urubus du Brésil sont aussi sociables que les corneilles et peut-être même plus encore[2]. Les petits vautours égyptiens vivent dans une étroite amitié. Ils jouent en l’air par bandes, ils se réunissent pour passer la nuit, et le matin ils s’en vont tous ensemble pour chercher leur nourriture ; jamais la plus petite querelle ne s’élève parmi eux, — tel est le témoignage de Brehm qui a eu maintes occasions d’observer leur vie. Le faucon à cou rouge se rencontre aussi en bandes nombreuses dans les forêts du Brésil, et la crécerelle (Tinnunculus cenchris), quand elle quitte l’Europe et atteint en hiver les prairies et les forêts d’Asie, forme de nombreuses compagnies. Dans les steppes du sud de la Russie, ces oiseaux sont (ou plutôt étaient) si sociables que Nordmann les voyait en bandes nombreuses,

  1. La vie des animaux de A. Brehm, III, 477 ; toutes les citations sont faites d’après l’édition française.
  2. Bates, p. 151.