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par des observateurs éminents, mais il y a des catégories entières du règne animal dont nous ne connaissons presque rien. Des informations dignes de foi en ce qui concerne les poissons sont extrêmement rares, ce qui est dû en partie aux difficultés de l’observation, et en partie à ce qu’on n’a pas encore suffisamment étudié ce sujet. Quant aux mammifères, Kessler a déjà fait remarquer combien nous connaissons peu leur façon de vivre. Beaucoup d’entre eux sont nocturnes ; d’autres se cachent sous la terre et ceux des ruminants dont la vie sociale et les migrations offrent le plus grand intérêt ne laissent pas l’homme approcher de leurs troupeaux. C’est sur les oiseaux que nous avons le plus d’informations, et cependant la vie sociale de beaucoup d’espèces n’est encore qu’imparfaitement connue. Mais, nous n’avons pas à nous plaindre du manque de faits bien constatés, comme nous l’allons voir par ce qui suit.

Je n’ai pas besoin d’insister sur les associations du mâle et de la femelle pour élever leurs petits, pour les nourrir durant le premier âge, ou pour chasser en commun ; notons en passant que ces associations sont la règle, même chez les carnivores les moins sociables et chez les oiseaux de proie. Ce qui leur donne un intérêt spécial c’est qu’elles sont le point de départ de certains sentiments de tendresse même chez les animaux les plus cruels. On peut aussi ajouter que la rareté d’associations plus larges que celle de la famille parmi les carnivores et les oiseaux de proie, quoique étant due en grande partie à leur mode même de nourriture, peut aussi être regardée jusqu’à un certain point comme une conséquence du changement produit dans le monde animal par l’accroissement rapide de l’humanité. Il faut remarquer, en effet, que les animaux