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contre sur une immense étendue, du Mexique méridional à la Patagonie. On en connaît déjà pas moins de 290 espèces, réparties en 46 genres environ, et le trait le plus frappant de ces espèces est la grande diversité d’habitudes de leurs membres. Non seulement les différents genres et les différentes espèces ont des habitudes qui leur sont particulières, mais la même espèce a des habitudes de vie différentes selon les différentes localités. « Certaines espèces de Xenops et de Magarornis, grimpent, comme les pics, verticalement le long des troncs d’arbres pour chercher les insectes, mais à la manière des mésanges ils explorent aussi les petits rameaux et le feuillage à l’extrémité des branches ; de sorte que l’arbre entier, depuis la racine jusqu’aux feuilles de son sommet, leur est un terrain de chasse. Le Sclerurus, quoiqu’il habite les forêts les plus sombres, et qu’il possède des serres très recourbées, ne cherche jamais sa nourriture sur les arbres, mais exclusivement sur le sol, parmi les feuilles mortes ; mais, ce qui semble assez bizarre, lorsqu’il est effrayé, il s’envole vers le tronc de l’arbre le plus voisin auquel il s’accroche dans une position verticale, et reste sans bouger, silencieux, échappant aux regards grâce à sa couleur sombre. » Et ainsi de suite. Quant aux habitudes de nidification, elles varient aussi beaucoup. Ainsi dans un seul genre, trois espèces construisent un nid d’argile en forme de four, une quatrième le fait en branchettes dans les arbres, et une cinquième se creuse un trou sur la pente d’une berge, comme un martin-pêcheur.

Or, cette immense famille, dont Hudson dit qu’ « elle occupe toute l’Amérique du Sud ; car il n’est ni climat, ni sol, ni végétation où l’on n’en trouve quelque espèce appropriée, cette famille appartient » — pour employer ses propres mots — « aux oiseaux les plus dépourvus d’armes naturelles. » Comme les canards mentionnés par Siévertsoff (voir dans le texte), ils ne possèdent ni serres, ni bec puissant : « ce sont des êtres craintifs, sans résistance, sans forces et sans armes ; leurs mouvements sont moins vifs et moins vigoureux que ceux d’autres espèces, et leur vol est très faible. » Mais ils possèdent — observent Hudson et Asara