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Elles ne peuvent supporter la vue d’un enfant affamé ; il faut qu’elles lui donnent à manger, et elles le font. « Quand les enfants de l’école demandent du pain, ils rencontrent rarement, ou plutôt jamais, un refus » — m’écrit une dame de mes amies, qui a travaillé plusieurs années dans Whitechapel en relation avec un club d’ouvriers. Mais je ferais peut-être aussi bien de traduire encore quelques passages de sa lettre.


Que des voisins viennent vous soigner, en cas de maladie, sans l’ombre de rémunération, c’est une habitude tout à fait générale parmi les ouvriers. De même lorsqu’une femme a de petits enfants et sort pour travailler, une autre mère prend toujours soin d’eux.

Si dans la classe ouvrière ils ne s’aidaient pas les uns les autres, ils ne pourraient exister. Je connais bien des familles qui s’aident continuellement l’une l’autre en argent, en nourriture, en combustible, pour élever les petits enfants, ou bien en cas de maladie ou de mort.

« Le tien » et « le mien » est beaucoup moins strict parmi les pauvres que parmi les riches. Ils s’empruntent constamment les uns aux autres des souliers, des habits, des chapeaux, etc. — tout ce dont on peut avoir besoin sur le moment — ainsi que toute espèce d’ustensiles de ménage.

L’hiver dernier les membres du United Radical Club réunirent un peu d’argent et commencèrent, après Noël, à distribuer de la soupe et du pain gratuitement aux enfants des écoles. Peu à peu ils eurent 1.800 enfants à servir. L’argent venait du dehors, mais tout l’ouvrage était fait par les membres du Club. Certains d’entre eux, qui se trouvaient sans ouvrage, venaient à quatre heures du matin pour laver et pour éplucher les légumes ; cinq femmes venaient à neuf ou dix heures (après avoir fait leur propre ouvrage chez elles) pour faire la cuisine et restaient jusqu’à six ou sept heures pour laver les assiettes. Et à l’heure du repas, entre midi et une heure et demie, vingt ou