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arrangements sont pris pour améliorer la qualité des produits. Des unions pour la vente des produits agricoles sont formées, ainsi que des unions pour l’amélioration permanente des terres[1].

Au point de vue de l’économie sociale tous ces efforts des paysans sont certainement de peu d’importance. Ils ne peuvent soulager effectivement, et bien moins encore définitivement, la misère à laquelle les cultivateurs du sol sont voués dans toute l’Europe. Mais au point de vue moral, auquel nous nous plaçons en ce moment, leur importance ne saurait être estimée trop haut. Ils prouvent que, même sous le système de l’individualisme sans merci qui prévaut aujourd’hui, les masses agricoles conservent pieusement leurs traditions d’entr’aide. Dès que les gouvernements relâchent les lois de fer par lesquelles ils ont brisé tous les liens entre les hommes, ces liens se reconstituent immédiatement, malgré les difficultés politiques, économiques et sociales, qui sont nombreuses ; et ils se reconstituent sous les formes qui répondent le mieux aux besoins modernes. Ils montrent dans quelle direction et sous quelle forme le progrès ultérieur doit être atteint.

Je pourrais facilement multiplier ces exemples, en les prenant en Italie, en Espagne, au Danemark, etc., et en indiquant certains traits intéressants qui sont propres à chacun de ces pays[2]. Les populations slaves d’Autriche et de la péninsule des Balkans, chez lesquelles la « famille composée » ou « ménage indivis »

  1. Buchenberger, loc. cit., vol. II, p. 510. L’Union générale de la corporation agricole comprend une union de 1679 sociétés. En Silésie, un ensemble de 12.000 hectares de terres a été drainé dernièrement par 73 associations ; 182.000 hectares en Prusse, par 516 associations ; en Bavière, il y a 1.715 unions de drainage et d’irrigation.
  2. Voir appendice XII.