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de simples artisans et de marchands, et ils poursuivirent leurs anciennes hostilités de famille, leurs guerres privées dans les rues. Chaque cité avait maintenant ses Colonna et ses Orsini, ses Overstolze et ses Wise. Tirant de grands revenus des terres qu’ils avaient conservées, ils s’entouraient de nombreux clients, féodalisaient les coutumes et les habitudes de la cité elle-même. Et quand des dissensions commencèrent à se faire sentir dans la ville parmi les artisans, ils offrirent leur épée et leurs compagnons armés pour trancher les différents par des combats, au lieu de laisser les dissensions trouver des solutions plus paisibles, qui ne manquaient jamais d’être découvertes dans l’ancien temps.


La plus grande et la plus fatale erreur de la plupart des cités fut de prendre pour base de leur richesse le commerce et l’industrie au détriment de l’agriculture. Elles répétèrent ainsi l’erreur qui avait été commise par les cités de la Grèce antique, et par cela même, elles tombèrent dans les mêmes crimes.[1] Devenues étrangères à l’agriculture, un grand nombre de cités se trouvèrent nécessairement entraînées vers une politique hostile aux paysans. Cela devint de plus en plus évident à l’époque d’Edouard III[2] , de la Jacquerie en France, des guerres hussites et de la guerre des paysans en Allemagne. D’autre part, la politique commerciale les

  1. Le commerce d’esclaves enlevés en Orient ne cessa jamais dans les républiques italiennes jusqu’au XVe siècles. De faibles traces s’en rencontrent aussi en Allemagne et ailleurs. Voir Cibrario, Della schiavitù e del servaggio, 2 vol., Milan, 1868 ; aussi, le professeur Loutchitzkiy, « L’esclavage et les esclaves russes à Florence, au XIVe et au XVe siècles », dans Izvestia de l’Université de Kiev, 1885 (en russe).
  2. J.R. Greco, History of English People, London, 1878, I, 455.