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preuve manifeste que sa consolidation fut tout autant l’œuvre de ses artels ou associations de chasseurs, de pêcheurs et de marchands que du bourgeonnement des communes villageoises ; aujourd’hui encore le pays est couvert d’artels[1].

Ces quelques remarques montrent combien était inexacte l’opinion de ceux qui les premiers étudièrent les guildes lorsqu’ils crurent voir l’essence de cette institution dans sa fête annuelle. De fait, le jour du repas commun était le jour même ou le lendemain du jour de l’élection des aldermen ; on discutait alors les changements à apporter aux statuts et très souvent c’était le jour où l’on jugeait les différents entre frères[2]

    guildes, qui devinrent, à une époque postérieure, les Académies d’art. Si les œuvres de l’art italien de cette époque sont empreintes d’un caractère qui permet encore aujourd’hui de distinguer les différentes écoles de Padoue, Bassano, Trévise, Vérone, etc., quoique toutes ces villes fussent sous l’influence de Venise, cela est dû — comme J. Paul Richter l’avait remarqué — au fait que les peintres de chaque ville appartenaient à une guilde distincte, en bons termes avec les guildes des autres villes, mais menant une existence propre. Le plus ancien statut de ces guildes que nous connaissions est celui de Vérone, qui date de 1303 mais il est certainement copié sur quelque statut plus ancien. Parmi les obligations des membres, on trouve : « Assistance fraternelle en toute espèce de nécessité », « hospitalité envers les étrangers quand ils traversent la ville, car ainsi l’on peut obtenir des informations sur certaines choses que l’on peut désirer connaître », et « obligation d’offrir du soulagement en cas de faiblesse » (Nineteenth Century, novembre 1890 et août 1892).

  1. Les principaux ouvrages sur les artels sont cités dans l’article « Russie » de l’Encyclopædia Britannica, 9e édition, p. 84.
  2. Voir, par exemple, les textes des guildes de Cambridge donnés par Toulmin Smith (English Guildes, Londres, 1870, pp. 274-276) où l’on voit que le « jour général et principal » était le jour des « élections », ou encore Ch. M. Clode, The Early History of the Guild of the Merchant Taylors, Londres, 1888, I, 45, etc. — Pour le renouvellement de l’allégeance, voir la Saga de Jòmsviking, cité par Pappenheim, Alldänische Shutzgilden, Breslau, 1885, p. 167. Il semble très probable que lorsque les guildes commencèrent à être persécutées, beaucoup d’entre elles n’inscrivirent dans leurs sta-