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Nous la retrouvons également dans l’oulous des Mongols, la thaddart des Kabyles, la dessa des Javanais, la kota ou tofa des Malais et sous d’autres noms en Abyssinie, au Soudan, dans l’intérieur de l’Afrique, chez les indigènes des deux Amériques, parmi toutes les grandes et petites tribus des archipels du Pacifique. Bref, nous ne connaissons pas une seule race humaine ou une seule nation qui n’ait pas eu sa période de communes villageoises. Ce fait seul détruit la théorie suivant laquelle la commune villageoise en Europe aurait été un résultat du servage. Elle est antérieure au servage, et même la soumission au servage fut impuissante à la briser. Ce fut une phase universelle de l’évolution, une transformation inévitable de l’organisation par clans ; au moins pour tous les peuples qui ont joué ou jouent encore quelque rôle dans l’histoire[1].

  1. Les travaux concernant la communauté villageoise sont si nombreux qu’on ne peut en citer que quelques-uns. Les ouvrages de sir Henry Maine, de Seebohm et de Walter (Das alte Wallis, Bonn, 1859) sont des sources d’informations populaires et bien connues pour l’Écosse, l’Irlande et le pays de Galles. Pour la France, P. Viollet, Précis de l’histoire du droit français : Droit privé, 1886, et plusieurs de ses monographies dans la bibliothèque de l’École des Chartes ; Babeau, Le village sous l’ancien régime (le mir au XVIIIème siècle), 3e édition, 1887 ; Bonnemère, Doniol, etc. Pour l’Italie et la Scandinavie les ouvrages principaux sont cités dans le livre de Laveleye, Propriété Primitive, traduction allemande par K. Bücher. Pour les Finnois, Rein, Foreläsningar, I. 16 ; Koskinen, Finnische Geschichte, 1874, et différentes monographies. Pour les peuples de Livonie et de Courlande, le professeur Loutchitsky dans Sévernyi Vestnik, 1891. Pour les Teutons, outre les ouvrages bien connus de Maurer, Sohm (Altdeutsche Reichs-und Gerichts-Verfassung) ainsi que Dahn (Urzeit, Völkerwanderung, Longobardische Studien), Jansen, Wilhelm Arnold, etc. Pour l’Inde, outre H. Maine et les ouvrages qu’il cite, sir John Phear, Aryan village. Pour la Russie et les Slavons au Sud, voir Kavelin, Posnikoff, Sokolovsky, Kovalevsky, Efimenko, Ivanicheff, Klaus, etc. (un copieux index bibliographique, jusqu’à 1880, dans le Sbornik svédeniï ob obschinye de la Soc. Géog. russe). Pour les