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en Espagne, sont encore assez grandes ; d’autres pèsent à peine quelques grammes ou centigrammes, tandis qu’autour d’elles voguent encore des poussières, presque microscopiques, remplissant les espaces.

Et c’est à ces poussières, à ces infiniment petits qui sillonnent l’étendue dans tous les sens avec des vitesses vertigineuses, qui s’entrechoquent, s’agglomèrent et se désintègrent, partout et toujours, c’est à eux, dis-je, que l’astronome demande aujourd’hui d’expliquer, et l’origine de notre système, soleil, planètes, et satellites, et les mouvements qui animent ses différentes parties, et l’harmonie de leur ensemble. Encore un pas, et bientôt l’attraction universelle elle-même ne sera plus qu’une résultante de tous les mouvements, désordonnés et incohérents, de ces infiniment petits — des oscillations d’atomes qui se produisent dans toutes les directions possibles.

Ainsi le centre, l’origine de la force, transporté une fois de la Terre au Soleil, se trouve éparpillé maintenant, disséminé : il est partout et nulle part. Avec l’astronome on s’aperçoit que les systèmes solaires ne sont que l’œuvre des infiniment petits, que la force qu’on croyait gouverner le système n’est elle-même, peut-être, que la résultante des chocs de ces infiniment petits ; que l’harmonie des systèmes stellaires n’est harmonie que parce qu’elle est une adaptation, une résultante de tous ces mouvements innombrables, s’additionnant, se complétant, s’équilibrant les uns les autres.

Tout l’aspect de l’univers change avec cette nouvelle conception. L’idée de force régissant le monde, de loi préétablie, d’harmonie préconçue, disparaît, pour