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ganisation. Tout un enseignement, toute une histoire fausse, toute une science incompréhensible furent élaborés dans ce but.

Eh bien, ceux qui travailleront à briser cette tactique surannée, ceux qui sauront réveiller l’esprit d’initiative dans les individus et dans les groupes, ceux qui arriveront à créer dans leurs rapports mutuels une action et une vie basées sur ces principes, ceux qui comprendront que la variété, le conflit même, sont la vie, et que l’uniformité c’est la mort, travailleront non pour les siècles à venir, mais bel et bien pour la prochaine révolution.




Nous n’avons pas à craindre « les dangers et les écarts de la liberté ». Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne commettent pas de fautes. Quant à ceux qui ne savent qu’obéir, ils en commettent tout autant, et plus, que ceux qui cherchent leur voie eux-mêmes, en essayant d’agir dans les directions que leur esprit et leur éducation sociale leur suggèrent. Mal comprises, et surtout mal appliquées, les idées de liberté de l’individu — dans un milieu où la notion de solidarité n’est pas suffisamment accentuée par les institutions — peuvent certainement amener à des actes qui répugnent aux sentiments sociaux de l’humanité. Admettons, que cela arrive, est-ce une raison pour jeter le principe de liberté par dessus bord ? Est-ce une raison pour accepter le raisonnement des maîtres qui rétablissent la censure afin d’empêcher « les écarts » d’une presse affranchie, et guillotinent les partis avancés pour maintenir l’uniformité et la discipline — ce qui, en fin de compte, comme on l’a vu en 1793, est le