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sente la pleine éclosion de toutes les facultés de l’homme, le développement supérieur de ce qu’il a d’original en lui, la plus grande fécondité de l’intelligence, du sentiment et de la volonté.




Tel étant notre idéal, que nous importe qu’il ne puisse entièrement se réaliser que dans un avenir plus ou moins lointain !

Notre devoir est de dégager d’abord, par l’analyse, de la société, les tendances qui lui sont propres à un moment donné de son évolution et de les mettre en relief. Ensuite, mettre ces tendances en pratique dans nos rapports avec tous ceux qui pensent comme nous. Et enfin, dès aujourd’hui, mais surtout durant la période révolutionnaire, démolir les institutions, ainsi que les préjugés qui entravent le développement de ces tendances.

C’est tout ce que nous pouvons faire, pacifiquement et révolutionnairement ; et nous savons qu’en aidant ces tendances à se produire, nous travaillons pour le progrès et que tout ce qui sera fait contre ces tendances, ne fera qu’entraver la marche du progrès.

Cependant, on parle souvent d’étapes à parcourir, et on nous propose de travailler pour arriver à ce que l’on désigne comme la première étape, quitte à reprendre la grand’route, lorsqu’on y sera arrivé.

Mais raisonner ainsi me semble méconnaître le vrai caractère du progrès humain et user d’une comparaison militaire, très mal choisie. L’humanité n’est pas une boule en mouvement, ni même une colonne en marche. Elle est plutôt un ensemble qui évolue dans la multitude des millions dont il se compose, et si l’on