Page:Kropotkine - L’Anarchie, sa philosophie, son idéal.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lesquels ne sauraient non plus rester locaux, mais tendraient nécessairement (comme le font déjà les sociétés savantes, les unions de cyclistes, les sociétés de sauvetage, etc.) à devenir internationales.

Et les coutumes sociables que le communisme — ne fût-il que partiel à ses débuts — doit forcément engendrer dans la vie, seraient déjà une force incomparablement plus puissante, pour maintenir et développer le noyau des coutumes sociables, que tout appareil répressif.

Voilà donc la forme — l’institution sociable — à laquelle nous demandons le développement de l’esprit de bonne entente que l’Église et l’État s’étaient donné la mission de nous imposer — avec les résultats piteux que nous ne connaissons que trop. Et ces réflexions, remarquons-le, contiennent notre réponse à ceux qui affirment que Communisme et Anarchie ne peuvent marcher ensemble. Ils sont, vous le voyez, le complément nécessaire l’un de l’autre.

Le plus puissant développement de l’individualité, de l’originalité individuelle — l’a si bien remarqué un de nos camarades — ne peut se produire que lorsque les premiers besoins de nourriture et d’abri ont été satisfaits, lorsque la lutte pour l’existence contre les forces de la nature a été simplifiée, et que le temps n’étant plus pris par les petits côtés mesquins de la subsistance quotidienne, — l’intelligence, le goût artistique, l’esprit inventif, le génie entier peuvent se développer à leur aise.

Le communisme est le meilleur fondement de l’individualisme — non pas de celui qui pousse l’homme à la guerre de chacun contre tous et qui est le seul que l’on ait connu jusqu’à ce jour, mais celui qui repré-