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ôtait toute latitude d’action et le forçait ainsi à se révolter contre ce qui arrêtait le progrès.

En effet, tout ce qui fut dans le passé un élément de progrès ou un instrument de perfectionnement moral et intellectuel de la race humaine, est dû à la pratique de l’appui mutuel, aux coutumes qui reconnaissaient l’égalité des hommes et les amenaient à s’allier, à s’associer pour produire et consommer, à s’unir pour se défendre, à se fédérer et à ne reconnaître d’autres juges pour vider leurs différends que les arbitres qu’ils prenaient dans leur propre sein.

Chaque fois que ces institutions, issues du génie populaire, lorsqu’il avait pour un moment reconquis sa liberté, — chaque fois que ces institutions prenaient dans l’histoire un nouveau développement, tout le niveau moral de la société, son bien-être matériel, sa liberté, ses progrès intellectuels et l’affirmation de l’originalité individuelle entraient dans une phase ascendante. Et chaque fois, au contraire, que dans le cours de l’histoire, les hommes, soit à la suite d’une conquête étrangère, soit en raison du développement des préjugés autoritaires, devenaient de plus en plus divisés en gouvernants et gouvernés, en exploiteurs et exploités, le niveau moral baissait, le bien-être du grand nombre disparaissait pour assurer la richesse à quelques-uns, et l’esprit du siècle s’amoindrissait bientôt.

C’est ce que l’histoire nous enseigne et c’est d’elle que nous tirons notre confiance dans les institutions du communisme libre, pour relever le niveau moral des sociétés, rabaissé par la pratique de l’autorité.




Aujourd’hui nous vivons côte à côte sans même nous