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facteur de l’assentiment volontaire, dans la société.

D’autre part si, suivant un conseil bien vieux, donné par Bentham, vous vous mettez à réfléchir aux conséquences funestes — directes et surtout indirectes — de la coercition légale, alors, comme Tolstoï, comme nous, vous prendrez en haine cet emploi de la force et vous arriverez à vous dire que la société possède mille autres moyens bien plus efficaces d’empêcher les actes antisociaux ; si elle les néglige aujourd’hui, c’est parce que son éducation, faite par l’Église et par l’État, sa couardise, sa paresse d’esprit, l’empêchent de voir clair dans ces questions. Quand un enfant a fait une peccadille, il est si commode de le punir : cela coupe court à toute discussion ! Il est si facile, n’est-ce pas, de faire guillotiner un homme ? Surtout quand on a un Deibler payé à l’année ? Ça nous dispense de penser aux causes des crimes.




On dit souvent que les anarchistes vivent dans un monde de rêves d’avenir, et ne voient pas les choses du présent. Nous ne les voyons que trop, peut-être, sous leurs vraies couleurs, et c’est ce qui nous fait porter la hache dans cette forêt de préjugés autoritaires qui nous obsèdent.

Loin de vivre dans un monde de visions et d’imaginer les hommes meilleurs qu’ils ne sont, nous les voyons tels qu’ils sont, et c’est pourquoi nous affirmons que le meilleur des hommes est rendu essentiellement mauvais par l’exercice de l’autorité, et que la théorie de la « pondération des pouvoirs » et du