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ment à reconstituer à nouveau cette pieuvre, l’État ? ou bien, ne cherchera-t-il pas plutôt à s’organiser du simple au composé, selon l’accord mutuel et les besoins infiniment variés et toujours changeants de chaque localité, pour s’assurer la possession de ces richesses, pour se garantir mutuellement la vie et produire ce qui sera trouvé nécessaire à la vie ? ».

Suivra-t-il la tendance dominante du siècle, ou bien marchera-t-il contre cette tendance et cherchera-t-il à reconstituer l’autorité démolie ?




L’homme éduqué, — « le civilisé » comme disait Fourier avec mépris — frémit à l’idée que la société pourrait un jour se trouver sans juges, sans gendarmes, sans geôliers…

Mais, franchement — en avez-vous autant besoin qu’on vous l’a dit dans les bouquins ? bouquins écrits — remarquez-le bien — par des savants, qui généralement connaissent bien ce qui a été écrit par d’autres avant eux, mais, pour la plupart, ignorent absolument le peuple et sa vie quotidienne.

Si nous pouvons nous promener sans crainte, non seulement dans les rues de Paris, qui fourmillent de policiers, mais surtout dans les chemins ruraux où l’on ne rencontre que de rares passants, — est-ce à la police que nous devons cette sécurité ? ou bien, plutôt, à l’absence de gens qui tiennent à nous assommer ou à nous dévaliser ? Je ne parle évidemment pas de celui qui se trouve porteur de millions. Celui-là — un procès récent nous l’apprend — est vite dévalisé, de préférence dans les endroits où il y a autant de policiers que de lanternes. Non, je parle de l’homme