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par le massacre, la roue, le gibet, le glaive et le feu que l’Église et l’État établirent leur domination — qu’ils arrivèrent à régner désormais sur des agglomérations incohérentes de sujets, n’ayant plus aucune union directe entre eux.




Aujourd’hui seulement, depuis vingt ans à peine, nous commençons à reconquérir, par la lutte, par la révolte, quelques amorces du droit d’association, qui fut librement pratiqué par les artisans et les cultivateurs du sol à travers tout le moyen-âge.

Et quelle est la tendance qui domine déjà dans la vie des nations civilisées ? N’est-ce pas celle de s’unir, de s’associer, de se constituer en mille et mille sociétés libres pour la satisfaction de tous les besoins multiples de l’homme civilisé ?

L’Europe se couvre en effet d’associations volontaires pour l’étude, pour l’instruction, pour l’industrie et le commerce, pour la science, l’art et la littérature, pour l’exploitation et pour la résistance à l’exploitation, pour l’amusement et pour le travail sérieux, pour la jouissance et pour l’abnégation, pour tout ce qui fait la vie de l’être actif et pensant. Nous voyons surgir ces sociétés dans tous les coins et recoins de chacun des domaines : politique, économique, artistique, intellectuel. Les unes ne vivent que ce que vivent les roses, d’autres se maintiennent déjà depuis des décades d’années, et toutes cherchent, en maintenant l’indépendance de chaque groupe, cercle, branche ou section, à se fédérer, à s’unir, par-dessus les frontières aussi bien que dans chaque nation, à couvrir toute la vie du civilisé d’un réseau dont les mailles s’entrecroisent et s’enchevêtrent. Leur