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Ce moment ne peut tarder de venir, car depuis que l’Internationale fut écrasée par les gouvernants en 1872, — surtout depuis lors — elle a fait des progrès immenses, dont ses plus ardents partisans souvent ne réalisent pas l’importance. Elle est constituée de fait, dans les idées, dans les sentiments, dans l’établissement de rapports continuels. Il est vrai que la plutocratie française, anglaise, italienne, allemande sont autant de rivales. À tout instant elles peuvent même amener les peuples à se ruer les uns contre les autres. Pourtant, soyez sûrs que le jour où la révolution communale et sociale se fera en France, la France retrouvera les vieilles sympathies chez les peuples du monde, y compris les peuples allemand, italien et anglais. Et lorsque l’Allemagne, qui, entre parenthèses, est plus proche d’une révolution qu’on ne le pense, arborera le drapeau — malheureusement jacobin — de cette révolution avec toute l’ardeur de la jeunesse et de la période ascendante qu’elle traverse en ce moment, elle trouvera de ce côté du Rhin toutes les sympathies et tout l’appui d’un peuple qui aime les révolutionnaires audacieux et hait l’arrogance de la plutocratie.




Diverses causes ont retardé jusqu’à présent l’éclosion de cette révolution inévitable. L’incertitude des rapports internationaux y est certainement pour quelque chose. Mais il y a, ce me semble, une autre cause, plus profonde, sur laquelle je voudrais attirer toute