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gie. Elle devra aussi se garder de paralyser l’initiative des plus résolus : elle devra simplement redoubler d’initiative, si celle des autres vient à manquer, si elle s’émousse, ou si elle prend une fausse direction. L’audace de la pensée, une conception nette et large de tout ce que l’on veut, la force constructive surgissant du peuple lui-même à mesure que la négation de l’autorité se fait jour ; et enfin, l’initiative de tous dans l’œuvre de reconstruction, — voilà ce qui donnera à la révolution la puissance qu’elle doit posséder pour vaincre.

C’est précisément ces forces que la propagande active des anarchistes, aussi bien que la philosophie même de l’Anarchie, tendent à développer. À la discipline, — cette ancre de salut des autoritaires, — ils opposent la pleine initiative de tous et de chacun. Aux conceptions mesquines de petites réformes, préconisées par les partis embourgeoisés, ils opposent la conception large et grande de la révolution qui, seule, peut donner l’inspiration nécessaire. Et, à ceux qui aimeraient voir le peuple se borner à un rôle de meute lancée contre les gouvernants du jour, mais toujours retenue à temps par le fouet, nous disons : « La part du peuple dans la révolution doit être positive, en même temps que destructive. Car lui seul peut réussir à réorganiser la société sur des bases d’égalité et de liberté pour tous. Remettre ce soin à d’autres, serait trahir la cause même de la révolution. »


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