ardus de la sociologie et cherche à les résoudre avec son bons sens, son esprit d’observation, sa rude expérience. Pour s’entendre avec d’autres misérables comme lui, il cherche à se grouper, à s’organiser. Il se constitue en sociétés soutenues avec peine par de minces cotisations ; il cherche à s’entendre à travers les frontières et, mieux que les rhéteurs philanthropes, il prépare le jour où les guerres entre peuples deviendront impossibles. Pour savoir ce que font ses frères, pour mieux les connaître, pour élaborer les idées et les propager, il soutient, — mais au prix de quelles privations, de quels efforts ! — sa presse ouvrière. Enfin, l’heure venue, il se lève et, rougissant de son sang les pavés des barricades, il se lance à la conquête de ces libertés que plus tard les riches et les puissants sauront corrompre en privilèges pour les tourner encore contre lui.
Quelle série d’efforts continuels ! quelle lutte incessante ! Quel travail recommencé constamment, tantôt pour combler les vides qui se font par les désertions — suite de la lassitude, de la corruption, des poursuites ; tantôt pour reconstituer les rangs éclaircis par les fusillades et les mitraillades ; tantôt pour reprendre les études brusquement interrompues par les exterminations en bloc !
Leurs journaux sont créés par des hommes qui ont dû voler à la société des bribes d’instruction en se privant de sommeil et de nourriture ; l’agitation est soutenue par des sous pris sur le strict nécessaire, souvent sur le pain sec ; et, tout cela, sous l’appréhension continuelle de voir bientôt la famille réduite à la plus affreuse des misères, dès que le patron s’apercevra que « son ouvrier, son esclave, fait du socialisme ! »