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connu un seul d’entre eux, pour supposer qu’ils sont poussés par la soif du gain ! La plupart sont morts sur la paille, et on sait comment le capital, la propriété privée, ont retardé la mise en pratique, l’amélioration des grandes innovations.




D’autre part, pour soutenir sur ce terrain les avantages de la propriété individuelle contre la possession collective, il faudrait encore prouver que celle-ci s’oppose aux progrès de l’industrie. Sans cette preuve, l’induction n’a aucune valeur. Or, cette thèse précisément est insoutenable, par cette seule et bonne raison que nous n’avons jamais vu un groupement communiste, possédant le capital nécessaire pour faire marcher une grande industrie, s’opposer à l’introduction, dans cette industrie, des nouvelles inventions. Au contraire, quelqu’imparfaites que soient les associations, coopérations, etc., que nous avons vues surgir, quels que soient leurs défauts, elles n’ont jamais pèché par celui d’être sourdes au progrès industriel.

Nous aurions beaucoup à reprendre aux diverses institutions ayant un caractère collectif qui ont été essayées depuis un siècle. Mais, — chose remarquable — le plus grand reproche que nous puissions leur faire, c’est précisément celui de ne pas avoir été assez collectives. Aux grandes sociétés d’actionnaires qui ont percé les isthmes et les chaînes de montagnes, nous reprochons surtout d’avoir constitué un nouveau mode de patronat anonyme et d’avoir blanchi d’ossements humains chaque mètre de leurs canaux et de leurs tunnels ; aux corporations ou-