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le socialisme, et en France les noirs publient une revue dans laquelle ils déclarent posséder le vrai socialisme. Il paraît même (au dire des journaux anglais) que le tsar, — depuis qu’il a fait déposer sur sa table (à écrire, bien entendu) un morceau de pain noir fait d’herbe et d’un peu de farine, pour lui rappeler constamment quelle est la nourriture des paysans russes, — s’est imaginé qu’il possède aussi le vrai socialisme ; il n’attend, paraît-il, que la bénédiction de Bismarck et des patriarches d’Antioche et de Constantinople pour commencer à appliquer ses doctrines socialistes.

Bref, tous socialistes ! Agioteurs qui spéculent sur le prix du pain pour acheter des bijoux à leurs femmes ; patrons qui font mourir les ouvrières de phtisie et les enfants d’inanition ; potentats qui emprisonnent à Berlin et pendent à Pétersbourg ; gendarmes qui perquisitionnent, — tous, s’ils fouillent nos papiers, s’il emprisonnent et pendent des socialistes, s’ils massacrent les ouvrières et leurs enfants, s’ils tripotent en politique et en finance, — ils ne le font que pour accélérer le triomphe du vrai socialisme !




Eh bien ! il se trouve encore des socialistes assez naïfs pour éclater en chants de triomphe à la vue de ce spectacle. — « Monsieur un tel s’est déclaré socialiste ; M. Gambetta a reconnu l’existence de la question sociale ! Nouvelle preuve que l’idée gagne du terrain », — s’empressent-ils d’annoncer dans leurs journaux. Comme si nous avions besoin de la sanction de qui