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lion se compose tout bonnement de faméliques, de crève-de-faim, qui vivotent au jour le jour, en se nourrissant de pain sec, ou de pommes de terre… quand il y en a. — Voilà les gros bataillons des campagnes françaises.[1]

  1. Vu les différences très notables que l’on constate, concernant les chiffres sur la propriété en France, nous reproduisons ici quelques passages d’un article de M. Eugène Simon, publié en 1885 dans un numéro de propagande de la République radicale :

    « Laissant de côté la surface occupée par les propriétés bâties et par les jardins qui, pour un million d’hectares, compte huit millions de propriétaires, le territoire agricole de la France, en dépit de l’opinion courante et des clichés habituels, appartient à un nombre d’individus beaucoup plus restreint qu’on ne le pense. D’après M. Sanguet, — président de la Société de topographie parcellaire qui a bien voulu faire pour nous des recherches qui, croyons-nous, n’avaient pas encore été faites, sur les 8,547,285 propriétaires que l’on compte en France, 4,392,500 ne paient qu’une cote au-dessous de 5 francs, très souvent irrécouvrable et ne jouissent pas ensemble de 5,1 % du total du revenu foncier. Autant vaut n’en pas parler.

    « Puis vient une série de 2,993,450 propriétaires payant une cote de 5 à 30 francs, soit une moyenne de 13 francs et se partageant 22,5 % du revenu territorial ; ce qui représente des propriétés tellement petites que ceux qui les possèdent peuvent souvent accoler à leur titre celui de prolétaire. — Une troisième catégorie compte 1,095,850 propriétaires payant des cotes de 30 à 300 francs, jouissant de 47 % du revenu total Soit pour chacun d’eux une moyenne de 1730 francs.

    « Une quatrième et dernière classe comprend enfin 65, 525 propriétaires payant des cotes de 300 francs et au-dessus et jouissant à eux seuls de 25,4 % du revenu foncier, soit pour chacun d’eux une moyenne de 15,700 francs. C’est la grande propriété. Or, comme les terres qui constituent la grande propriété que forêts, landes, pacages, etc., rapportent beaucoup moins que les autres, on peut dire que ces 65,525 propriétaires, bien que ne jouissant que du quart du revenu total, possèdent en réalité plus