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repas. Il allégua comme mobile de son acte « une soif intérieure » et demanda lui-même à être exécuté, puisqu’il avait été de tout temps un paria dans la société. En prison, il manifestait une irascibilité excessive, et parfois il avait des accès de rage pendant lesquels il refusait toute nourriture. On a fait la remarque que la plupart de ses anciens excès coïncidaient avec des explosions d’irritation et de rage. (Maschka, Prager Vierteljahrsschrift, 1886, I, p. 79 ; Gauster dans Maschka’s Handb. der ger. Medicin IV, p. 489.)


Dans la catégorie de ces monstres psycho-sexuels rentre sans doute l’éventreur de Whitechapel[ws 1][1] que la police cherche toujours sans pouvoir le découvrir.

L’absence régulière de l’utérus, des ovaires et de la vulve chez les dix victimes de ce Barbe-bleue moderne, fait supposer qu’il cherche et trouve encore une satisfaction plus vive dans l’anthropophagie.

Dans d’autres cas d’assassinat par volupté, le stuprum[ws 2] n’a pas lieu soit pour des raisons physiques, soit pour des raisons psychiques, et le crime sadiste seul remplace le coït.

Le prototype de pareils cas est celui de Verzeni. La vie de ses victimes dépendait de la manifestation hâtive ou tardive de l’éjaculation. Comme ce cas mémorable renferme tout ce que la science moderne connaît sur la connexité existant entre la volupté, la rage de tuer et l’anthropophagie, il convient d’en faire ici une mention détaillée, d’autant plus qu’il a été bien observé.


OBSERVATION 21. – Vincent Verzeni, né en 1849, arrêté depuis le 11 janvier 1872, est accusé : 1o d’avoir essayé d’étrangler sa cousine Marianne, alors que celle-ci, il y a quatre ans, était couchée et malade dans son lit ; 2o d’avoir commis le même délit sur la personne de l’épouse d’Arsuffi, âgée de vingt-sept ans ; 3o d’avoir essayé d’étrangler Mme Gala en lui serrant la gorge pendant qu’il était agenouillé sur son corps ; 4o il est, en outre, soupçonné d’avoir commis les assassinats suivants :

Au mois de décembre, le matin entre sept et huit heures, Jeanne

  1. Plus communément appelé « Jack l’Éventreur »
  2. viol
  1. Comparez entre autres : Spitzka, The Journal of nervous and mental Diseases, déc. 1888 ; Kiernan, The medical Standard, nov.-déc. 1888.