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hyperbolie de la volonté à produire un puissant effet sur l’individu qui a causé notre excitation. Le moyen le plus efficace pour cela, c’est de causer à cet individu une sensation de douleur. En partant de ce cas où, dans le maximum de la passion voluptueuse, l’individu cherche à causer une douleur à l’objet aimé, on arrive à des cas où il y a sérieusement mauvais traitements, blessures et même assassinat de la victime[1].

Dans ces cas, le penchant à la cruauté qui peut s’associer à la passion voluptueuse, s’est augmenté démesurément chez un individu psychopathe, tandis que, d’autre part, la défectuosité des sentiments moraux fait qu’il n’y a pas normalement d’entraves ou qu’elles sont trop faibles pour réagir.

Ces actes sadiques monstrueux ont, chez l’homme, chez lequel ils se produisent plus fréquemment que chez la femme, encore une autre cause puissante due aux conditions physiologiques.

Dans le rapport des deux sexes, c’est à l’homme qu’échoit le rôle actif et même agressif, tandis que la femme se borne au rôle passif et défensif[2].

Pour l’homme, il y a un grand charme à conquérir la femme, à la vaincre ; et, dans l’Ars amandi, la décence de la femme qui reste sur la défensive jusqu’au moment où elle a cédé, est d’une grande importance psychologique. Dans les conditions normales, l’homme se voit en présence d’une résistance qu’il a pour tâche de vaincre, et c’est pour cette lutte que la nature lui a donné un caractère agressif. Mais ce caractère agressif peut, dans des conditions pathologiques, dépasser toute mesure et dégénérer en une tendance à sub-

  1. Voir Lombroso (Uomo delinquente), qui cite des faits analogues chez les animaux en rut.
  2. Chez les animaux aussi c’est ordinairement le mâle qui poursuit la femelle de ses propositions d’amour. On peut aussi souvent remarquer que la femelle prend la fuite ou feint de la prendre. Alors il s’engage une scène semblable à celle qui a lieu entre l’oiseau de proie et l’oiseau auquel il fait la chasse.