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pement et de leurs causes. Cette tâche est bien difficile et, malgré ma longue expérience d’aliéniste et de médecin légiste, je comprends que je ne pourrai donner qu’un travail incomplet.

Cette question a une haute importance : elle est d’utilité publique et intéresse particulièrement la magistrature. Il est donc nécessaire de la soumettre à un examen scientifique.

Seul le médecin légiste qui a été souvent appelé à donner son avis sur des êtres humains dont la vie, la liberté et l’honneur étaient en jeu, et qui, dans ces circonstances, a dû, avec un vif regret, se rendre compte de l’insuffisance de nos connaissances pathologiques, pourra apprécier le mérite et l’importance d’un essai dont le but est simplement de servir de guide pour les cas incertains.

Chaque fois qu’il s’agit de délits sexuels, on se trouve en présence des opinions les plus erronées et l’on prononce des verdicts déplorables ; les lois pénales et l’opinion publique elles-mêmes portent l’empreinte de ces erreurs.

Quand on fait de la psycho-pathologie de la vie sexuelle l’objet d’une étude scientifique, on se trouve en présence d’un des côtés sombres de la vie et de la misère humaine ; et, dans ces ténèbres, l’image divine créée par l’imagination des poètes se change en un horrible masque. À cette vue on serait tenté de désespérer de la moralité et de la beauté de la créature faite « à l’image de Dieu ».

C’est là le triste privilège de la médecine et surtout de la psychiatrie d’être obligée de ne voir que le revers de la vie : la faiblesse et la misère humaines.

Dans sa lourde tâche elle trouve cependant une conso-