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PRÉFACE

Peu de personne se rendent un compte exact de la puissante influence que la vie sexuelle exerce sur les sentiments, les pensées et les actes de la vie intellectuelle et sociale.

Schiller, dans sa poésie : Les Sages, reconnaît ce fait et dit : « Pendant que la philosophie soutient l’édifice du monde, la faim et l’amour en forment les rouages. »

Il est cependant bien surprenant que les philosophes n’aient prêté qu’une attention toute secondaire à la vie sexuelle.

Schaupenauer, dans son ouvrage : Le monde comme volonté et imagination[1], trouve très étrange ce fait que l’amour n’ait servi jusqu’ici de thème qu’aux poètes et ait été dédaigné par les philosophes, si l’on excepte toutefois quelques études superficielles de Platon, Rousseau et Kant.

Ce que Schopenhauer et, après lui, Hartmann, le philosophe de l’Inconscient, disent de l’amour, est tellement erroné, les conclusions qu’ils tirent sont si peu sérieuses que, en faisant abstraction des ouvrages de Michelet[2] et de Mantegazza[3], qui sont des causeries spirituelles plutôt que des recherches scientifiques, on peut considérer la psychologie expérimentale et la métaphysique de la vie sexuelle comme un terrain qui n’a pas encore été exploré par la science.

  1. T. II, p. 586 et suiv.
  2. L’Amour [NdT : Michelet :  La femme – L’Amour.]
  3. Physiologie de l’amour.