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sance nécessaire et une sensation voluptueuse satisfaisante. Depuis son mariage, conclu il y a deux ans, il n’a coïté qu’avec sa femme qu’il a épousée par inclination et qu’il aime encore beaucoup ; il faisait l’acte plusieurs fois par semaine.

Mme S…, qui a dû être entendue, confirme pleinement ces dépositions.

À toutes les questions contradictoires au sujet d’un sentiment sexuel pervers pour l’homme, le docteur S… répondit, dans les examens réitérés, par la négative, toujours d’accord avec ses dépositions et sans avoir la moindre hésitation dans ses réponses ; même lorsqu’on veut lui tendre un piège en lui représentant que la preuve d’un sentiment sexuel pervers serait fort utile pour le but qu’il veut atteindre avec le nouvel examen médical, il persiste dans ses dépositions antérieures. On fait cette constatation très précieuse que S… ne sait rien des faits établis par la science sur l’amour homosexuel. Ainsi on apprend que ses rêves accompagnés de pollutions, n’ont jamais pour objet des individus du sexe masculin, que les nudités féminines seules l’intéressent, qu’aux bals il aime à danser avec des femmes, etc. On ne peut découvrir chez S… aucune trace de quelque inclination sexuelle pour son propre sexe. En ce qui concerne ses relations avec G…, il fait exactement les mêmes déclarations qu’il a faites devant le juge d’instruction. Il ne saurait expliquer son affection pour G… que par le fait qu’il est un homme nerveux, sentimental, d’un cœur facile à toucher, et très sensible aux prévenances aimables. Dans sa maladie, il se sentait isolé et déprimé ; sa femme était souvent absente, en visite chez ses parents, et c’est ainsi qu’il est arrivé à conclure une amitié avec G…, jeune homme très poli et bon garçon. Maintenant encore, il a un faible pour lui, et se sent dans sa compagnie très rassuré et heureux.

Il eut déjà deux fois auparavant des amitiés de ce genre : quand il était étudiant, pour un confrère du même corps d’étudiants, un docteur A…, qu’il a souvent enlacé de ses bras et embrassé ; plus tard pour un baron M… Quand il le perdait de vue pendant quelques jours, il était inconsolable jusqu’aux larmes.

Il a la même tendresse et le même attachement pour les bêtes. Ainsi il a eu un chien qui est mort il y a quelque temps, et qu’il a pleuré comme si c’était un membre de sa famille ; il embrassait souvent cet animal. (En évoquant ce souvenir, S… a les larmes aux yeux.) Ces dépositions sont confirmées par le frère du docteur, avec cette remarque que, en ce qui concerne l’amitié de son frère