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Lui-même déclare qu’il est d’un tempérament nerveux et d’une constitution robuste. Il prétend qu’après avoir eu, à l’âge de quatorze ans, un rhumatisme articulaire aigu, il a souffert pendant plusieurs mois d’une grande nervosité. À la suite, il souffrait souvent de rhumatismes, ainsi que de battements de cœur et de suffocations. Ces malaises disparurent peu à peu sous l’influence de l’usage des bains de mer. Il y a sept ans, il a attrapé une blennorragie. Cette blennorragie est devenue chronique et lui a causé pendant longtemps des douleurs de vessie.

En 1887, le docteur S… a subi son premier accès de colique néphrétique. Ces accès se répétèrent plusieurs fois au cours de l’hiver 1887-1888, jusqu’au 10 mai 1888 où un gros calcul néphrétique se dégagea. Depuis ce moment, son état de santé a été assez satisfaisant. Il prétend que, à l’époque où il souffrait de la pierre, il avait pendant le coït, au moment de l’éjaculation, une douleur aiguë dans l’urètre, de même quand il urinait.

Quant à son curriculum vitæ, S… déclare qu’il a, jusqu’à l’âge de quatorze ans fréquenté le lycée ; mais, à partir de cette époque, il a dû, à la suite d’une maladie grave, continuer ses études sous la direction d’un maître particulier. Ensuite, il a passé quatre ans dans l’officine d’un droguiste ; plus tard, il a, pendant six semestres, suivi les cours de la Faculté de médecine ; et, pendant la guerre de 1870, il a servi comme aide-volontaire de lazaret. N’ayant pas son baccalauréat, il a abandonné l’étude de la médecine ; il a acquis le diplôme de docteur en philosophie ; ensuite il a servi comme assistant au musée minéralogique à K…, plus tard à H…, et puis il s’est livré à des études spéciales de chimie alimentaire et, il y a cinq ans, il a pris le poste de chef de laboratoire municipal.

S… fait toutes ces dépositions d’une manière sûre et précise. Il ne cherche pas à rappeler ses souvenirs en faisant ses réponses ; de sorte qu’on a de plus en plus l’impression d’avoir affaire à un homme qui aime et qui dit la vérité, d’autant plus que, dans les examens des jours suivants, les dépositions furent toujours les mêmes. En ce qui concerne sa vita sexualis, S. déclare avec modestie, décence et franchise, que, à partir de l’âge de onze ans, il s’est rendu compte de la différence des sexes, que jusqu’à l’âge de quatorze ans il fut pendant quelque temps adonné à l’onanisme, qu’il a fait son premier coït à l’âge de dix-huit ans, et qu’il l’a pratiqué avec modération les années suivantes. Ses désirs sexuels n’ont jamais été très grands, l’acte sexuel était normal à tous les points de vue jusqu’à ces derniers temps ; il avait la puis-